mardi 24 avril 2007

Duhamel n'a pas aimé Ségolène à Melle...


Alain Duhamel à propos du discours de Ségolène Royal à Melle :

"C'est consternant. Elle anone des textes médiocres sans l'ombre d'un talent. Et moi, je trouve ça vexant pour quelqu'un qui se trouve au second tour de l'élection présidentielle française. (...) Elle n'a pas les qualités pour être présidente de la République. Ce n'est pas honteux d'ailleurs de ne pas avoir ces qualités-là. Il ne peut pas y avoir en France 64 millions de gens ayant l'aptitude d'être Président de la République."

4 commentaires:

Anonyme a dit…

bon j'écris ici, parce que je ne vois où je pourrais le faire ailleurs dans ton blog.
Voici une interview de Sebastian Roché,chargé de recherche au CNRS
CERAT-Grenoble,secrétaire général
de la société européenne
de criminologie concernant le bilan du passage de Mr Sarko au ministère de l'intérieur:
Le Nouvel Observateur. – Quand Nicolas Sarkozy est arrivé au ministère de l’Intérieur au printemps 2002, il s’est fait fort de s’attaquer au problème de l’insécurité, l’un des thèmes qui avait fait perdre la gauche à l’élection présidentielle. Mission accomplie ?

Sébastian Roché. – Sans jugement idéologique, la réponse est non. J’examine les faits et les chiffres. Je compare les promesses qui ont été faites et celles qui ont été tenues. En cinq ans, Nicolas Sarkozy n’a pas réussi à stabiliser, ni même à faire baisser, les violences les plus graves≈: violences urbaines, violences aux personnes, trafics de drogues dures.

N. O. –Pour défendre son bilan, il avance cette statistique≈: depuis qu’il est Place-Beauvau, la délinquance a baissé de 9%. Sous Lionel Jospin, elle avait augmenté de 14%...

S. Roché. – Le pourcentage global est exact, mais il n’exprime qu’une partie de la réalité. Car certains crimes et délits ne sont pas pris en compte par les statistiques officielles de la délinquance. Nous y reviendrons plus loin. Examinons d’abord les chiffres du ministre. Qu’est-ce qui baisse depuis quelques années ? Les atteintes aux biens. Ou pour parler plus simplement les vols, qui représentent aujourd’hui près des trois quartsdes quelque 3,3 millions de faits de délinquance recensés par la police – le reste se partage entre les atteintes aux personnes et les infractions économiques et financières. Nul besoin d’être un grand statisticien pour comprendre que si le « poste vol » – de loin le plus important – diminue, alors le chiffre global de la délinquance décroît aussi. Mais cette baisse globale de 9% cache des hausses.

N. O. – Le recul des vols, ce n’est quand même pas négligeable...

S. Roché. – Evidemment. Cependant, la décrue observée aujourd’hui en France se produit dans toute l’Europe. Partout, il y a moins de vols d’automobiles ou dans les magasins. En France comme dans des pays où Nicolas Sarkozy ne dirige pas la police ! Nous sommes dans la moyenne sans plus par rapport à nos voisins.

N. O. – La diminution des atteintes aux biens n’a rien à voir avec l’action de Nicolas Sarkozy ?

S. Roché. – Ni avec celle d’aucun autre ministre de l’Intérieur ! Elle est due à l’amélioration des systèmes de protection. Les constructeurs de voiture, par exemple, sensibles aux demandes des consommateurs, ont développé les alarmes, les coupe-circuit ou les serrures renforcées. Et les hypermarchés se sont équipés de vidéosurveillance ou de portiques.

N. O. – Venons-en au bilan en matière d’atteintes aux personnes, peu flatteur selon vous pour Nicolas Sarkozy...

S. Roché. – Reportons-nous aux chiffres du ministère de l’Intérieur. En mai 2002, quelques jours après l’arrivée de Nicolas Sarkozy Place-Beauvau, selon la définition de l’OND (Observatoire national de la Délinquance), on compte 372 263 atteintes à l’intégrité physique. A la fin de l’année 2006, on en dénombre 432 441. Cela représente 60 178 faits de violence supplémentaires, soit une hausse de 16% (voir encadré 4).

N. O. – Ce chiffre n’est jamais mis en avant dans les communiqués officiels ou les discours du ministre. C’est le chiffre noir de Nicolas Sarkozy ?

S. Roché. – C’est un chiffre à replacer dans une évolution générale. A l’inverse des vols, depuis les années 1980 les atteintes aux personnes augmentent de façon continue dans d’autres pays d’Europe. Et comme pour les atteintes aux biens, les explications ne sont pas à rechercher en priorité dans l’action ou l’inaction de la police. Elles dépendent en grande partie des conditions socio-économiques ou familiales. On sait notamment que la précarité favorise la frustration et l’agression... En France, en vingt ans, ce type de violence a été quasiment multiplié par trois. C’est un mouvement de fond qui ne dépend pas de la couleur politique du ministre de l’Intérieur.

N. O. – Il n’y a aucune différence selon que l’on est sous Chevènement, Vaillant ou Sarkozy ?

S. Roché. – On observe des variations à la marge. Des hausses plus ou moins rapides sous l’effet du contexte, mais globalement l’arrivée de Nicolas Sarkozy ne marque aucune amélioration décisive dans la lutte contre les violences. Son bilan est un bilan moyen, qui ressemble à ceux des autres ministres de l’Intérieur. La communication en plus. C’est là qu’est le vrai changement : Nicolas Sarkozy a nommé sans fard l’insécurité et ses ravages. Mais il a aussi voulu croire, ou laissé croire, que la police allait, à elle seule, résoudre ce problème que l’on disait numéro un en 2002. C’est en fait impossible. Aujourd’hui, la déception peut être d’autant plus grande que ce sont les actes graves qui progressent le plus.

N. O. – Une récente enquête de l’Insee estime qu’en 2005 la délinquance a été trois fois supérieure aux chiffres constatés par la police...

S. Roché. – Cette étude repose sur une enquête auprès de personnes qui affirment avoir été victimes et non sur les faits comptabilisés par la police. Au sein même du ministère de l’Intérieur, on s’interroge sur cet écart entre la statistique officielle et la réalité vécue. Mais le ministère ne change rien à ses méthodes de comptage.

N. O. – Le ministre de l’Intérieur dit souvent que ces chiffres auraient été meilleurs sans les émeutes de l’automne 2005...

S. Roché. – Cet argument est curieux. D’abord, les délits commis pendant ces émeutes n’expliquent pas à eux seuls l’augmentation continue des violences urbaines (voir encadré 5). Ensuite, Nicolas Sarkozy lui-même n’a cessé de répéter que les émeutiers étaient des « voyous » et des délinquants récidivistes. Et on devrait exclure leurs délits du bilan ?

N. O. – Nicolas Sarkozy avait promis de « karchériser » certains quartiers, de s’attaquer aux « zones de non-droit »...

S. Roché. – Pourtant il s’est comme les autres cassé les dents sur les quartiers difficiles. Contrairement à ses annonces, la police n’a pas porté le fer dans ce que l’on appelle des « zones urbaines sensibles », les ZUS. Dans la plupart de ces zones, les atteintes aux biens et aux personnes les plus graves progressent (voir encadré 6).

N. O. – En octobre, dans un 20-Heures de TF1, Nicolas Sarkozy affirmait≈: « La délinquance a reculé dans chacun des départements de la région parisienne, y compris la Seine-Saint-Denis, et elle a reculé fortement »...

S. Roché. – Une affirmation démentie par les chiffres (voir encadré 7). Selon les chiffres de l’Observatoire national de la Délinquance (OND), entre décembre 2005 et novembre 2006 les atteintes aux biens ont progressé de plus de 9% en Seine-Saint-Denis et les atteintes aux personnes de 12%. Chose peu connue, le taux d’homicide y est aussi nettement plus élevé que dans le reste des départements de la région parisienne. Nicolas Sarkozy a mis un coup d’arrêt à la police de proximité – ce modèle très prometteur pas réellement mis en œuvre par la gauche –, mais ses dispositifs n’ont pas été plus efficaces pour éradiquer les noyaux durs de la délinquance. Les chiffres livrent un paradoxe très éclairant≈: c’est dans les départements où la délinquance est la moins élevée qu’elle a le plus diminué ces dernières années ! Dans la Creuse (moins 26% entre 2002 et 2005) ou dans l'Ariège (moins 22,5 %). En revanche, plus un département est « criminogène », plus la baisse de la délinquance y est faible ! Ainsi, toujours entre 2002 et 2005, elle baisse de moins 0,5% en Seine-Maritime ou de moins 0,1% dans les Bouches-du-Rhône.

N. O. – Pourtant, selon le ministère de l’Intérieur, « les groupes d’interventions régionaux (GIR) mènent une action sans relâche afin de combattre l’économie souterraine, principalement dans les quartiers sensibles ». Depuis de début de l’année 2006, les GIR, l’une des innovations phares de Nicolas Sarkozy, ont procédé à 589 opérations (voir encadré 8)...

S. Roché. – Initiés par Chevènement, étoffés par Sarkozy, ces groupements régionaux, pensés pour combiner l’action de la police, de la gendarmerie, de l’administration fiscale et des douanes, ont été lancés à grand renfort de publicité. Pourtant les patrons des GIR eux-mêmes reconnaissent en privé qu’ils n’arrivent pas à travailler en profondeur dans les zones sensibles. Tout simplement parce qu’il n’y a plus de police de proximité à l’intérieur des quartiers pour ramener du renseignement. Résultat≈: les GIR ne font que des petites affaires, ou alors des affaires importantes mais en dehors des ZUS. En bref les GIR ne se révèlent pas l’arme que l’on attendait contre les trafics dans les ghettos. Les chiffres de la consommation de drogue le démontrent parfaitement. A entendre Nicolas Sarkozy, les émeutiers de 2005 auraient réagi parce que sa police était en train de démanteler les réseaux de trafiquants dans les quartiers. Or, selon l’OFDT (Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies), la consommation de drogue dure chez les jeunes a augmenté de plus de 30% ces dernières années (voir encadré 9). Ce qui signifie 30% de chiffre d’affaires en plus pour les trafiquants en deux ans.

N. O. – Nicolas Sarkozy répète pourtant que sa police est plus efficace. Il met notamment en avant l’augmentation des taux d’élucidation des affaires, qui était à la fin de l’année dernière de plus de 35%. Soit une hausse de 10,5 points en cinq ans (voir encadré 10)...

S. Roché. – Malheureusement le fait d’interpeller plus d’auteurs ne suffit pas à faire baisser la délinquance ! Exemple : les vols d’automobiles, on l’a dit, ont diminué depuis 2002. Or, sur cette même période, ils sont moins élucidés≈: on arrête moins de voleurs de voitures. Inversement, les crimes et délits les mieux élucidés sont les atteintes aux personnes, qui sont en constante augmentation. Pour une raison simple : le plus souvent, les victimes voient l’agresseur et peuvent donner des éléments à la police. Malgré cela, les violences continuent à progresser... En fait, Nicolas Sarkozy est resté rivé à un vieux modèle de police datant des années 1960, la « police réactive ». Celle qui intervient après coup. Pour lui, une bonne police est une police qui interpelle beaucoup. Pour cela, il lui a donné des moyens juridiques (de nouvelles lois), des moyens financiers (5,6 milliards d’euros en 2002), des moyens, si l’on peut dire, « psychologiques », c'est-à-dire une incitation plus grande à arrêter les délinquants. Ce qu’il appelle la « culture du résultat ». Avec des quotas d’interpellations ou de gardes à vue à réaliser... Mais est-ce qu’une bonne police, c’est une police qui arrête beaucoup d’émeutiers ou une police qui empêche les émeutes ? Une police qui arrive quand il est trop tard ou une police qui évite aux gens d’être victimes ?

N. O. – Depuis que Nicolas Sarkozy est ministre de l’Intérieur, il y a en tout cas plus de policiers dans la rue...

S. Roché. – L’utilisation de l’informatique permet de mieux contrôler la présence des effectifs sur le terrain et de diminuer la proportion des personnels dans les bureaux. Cependant, les effectifs n’ont pas assez, voire pas du tout, augmenté dans les zones sensibles. Le préfet de Seine-Saint-Denis se plaint même d’une « diminution très perceptible » des effectifs de la sécurité publique dans son département depuis 2002.

N. O. – Nicolas Sarkozy avait pourtant promis de redéployer les effectifs et de changer les zones de police et de gendarmerie. Est-ce que cette promesse a été tenue ?

S. Roché. – A moitié. Dès les années 1970, on s’est rendu compte qu’il y avait plus de forces de l’ordre dans les zones où il y avait le moins de crimes et de délits. Chevènement a commencé à y remédier très partiellement sous Jospin. Il s’est arrêté en chemin devant la protestation des élus et des syndicats de police. Sarkozy a repris ce chantier, l’a amplifié, mais pas achevé, loin de là. Des 89 zones polices devant passer à la gendarmerie (selon le rapport Carraz-Hyest de 1998), 40 ont été réellement transférées. Surtout, Nicolas Sarkozy n’est pas parvenu à concentrer les moyens sur les zones qui en ont le plus besoin.

N. O. – Il y affecte des CRS en fonction des événements...
S. Roché. – Les socialistes avaient déjà essayé cette méthode. Ces CRS sont utiles pour intervenir en cas d’urgence ou sécuriser des quartiers dans des périodes de tension. Mais, sauf fidélisation durable, ils n’ont aucune connaissance du terrain, et dans tous les cas ils ne peuvent remplacer des policiers qui travaillent sur la durée... Il y a un problème de fond avec les CRS et les gendarmes mobiles que Nicolas Sarkozy – pas plus que ses prédécesseurs – n’a pas réussi à régler. Ces forces mobiles (32 000 policiers et gendarmes) sont surdimensionnées, elles coûtent très cher et elles ne sont pas les plus efficaces pour les missions de sécurisation.

N. O. – Nicolas Sarkozy a tout de même quelques avancées à son actif...
S. Roché. – Bien sûr. Il a su, surtout lors de ses premières années au ministère, écouter et remotiver ses troupes. Nicolas Sarkozy affirme être plus « transparent » que ses prédécesseurs. La création de l’Observatoire national de la Délinquance pour analyser les chiffres bruts constitue un progrès d’une ampleur pour le moment limitée. Cet organisme met une distance entre les autorités politiques et le système de mesure, plus que sous Lionel Jospin. Cela étant dit, les chiffres publiés par l’OND sont les chiffres de la police nationale. Cet observatoire reste donc dépendant du ministère. Il n’a pas non plus essayé d’analyser scientifiquement l’effet des politiques ou tactiques de police mises en œuvre.

N. O. – Des efforts ont aussi été faits pour « diversifier » le recrutement dans la police...

S. Roché. – Oui, Nicolas Sarkozy a lancé l’école des Cadets de la République. L’objectif est de construire une police « de toutes les couleurs » – comme l’avait amorcé Chevènement avec les adjoints de sécurité (les emplois-jeunes de la police). Cette évolution très positive a commencé chez les gardiens de la paix. Reste à la mettre en œuvre largement chez les officiers et les commissaires. Reste surtout à mesurer de manière impartiale la qualité de la police dans les ZUS et les éventuelles discriminations envers les minorités. A cet égard, Nicolas Sarkozy n’a pas pris suffisamment la mesure des émeutes de 2005. Un événement hors normes, historique en Europe. Pas plus que le gouvernement d’ailleurs. Le Parlement aurait dû établir une vraie commission d’enquête. On s’est contenté d’une mission d’information au Sénat, avec des pouvoirs d’investigation restreints et sans cibler les émeutes dans son intitulé. Il n’y a pas eu de véritable prise de conscience. En Grande-Bretagne, par exemple, après les émeutes de 2000, le ministre de l’Intérieur a dénoncé un « racisme institutionnel ». Il a posé la question de la discrimination dans le système public. Rien de tel en France.

N. O. – Au final, la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy est-elle une « rupture » par rapport à celle de ses prédécesseurs ?

S. Roché. – Aucunement. Nicolas Sarkozy s’est contenté de faire des ajustements, au demeurant fort utiles, avec une bonne équipe de techniciens. Il n’a pas osé imaginer la police dont les citoyens ont besoin. Il n’a toujours pas fait les grandes réformes indispensables. Il n’a pas donné la priorité aux atteintes aux personnes pourtant au cœur de la mission de police publique (car ces atteintes ne peuvent être combattues par les entreprises), au trafic de drogue, ni tenté de mieux anticiper et amortir les explosions urbaines. Il n’a pas réussi à mettre en place un nouveau système de police pour les quartiers difficiles. Il n’a pas inventé des instruments pour mesurer la qualité du service. Bref, son successeur aura devant lui un énorme chantier≈: celui de la démocratisation et de la modernisation de la police.


D'où un bilan globalement négatif.

Là tu ne peux pas me dire que je n'ai pas de réponse construite... A moins que tu ne penses qu'une personne spécialisée en criminologie ne sait pas de quoi elle parle...

A. Grevisse a dit…

Juste un truc... Même si c'est très intéressant, ça n'a rien à voir avec ce que j'ai posté. J'apprécie. L'auteur a même l'honnêteté de dire que l'augmentation de la violence n'a rien à voir avec la couleur du ministre de l'intérieur mais que c'est un fait de société. Donc, chouette article. Un peu coloré quand même, mais pas de problème avec ça.
Ceci dit, ce n'est en contradiction avec rien de ce que j'ai publié. Et surtout pas avec l'article auquel tu l'as associé. Ce blog n'est pas un fourre tout ou ta boite à archive. Ok, tu sais pas où mettre cet article... Ben alors tu me l'envoies par mail... Ou bien fais un blog!!!! Je viendrai le lire régulièrement, avec intéret. ;-)

Anonyme a dit…

Je sais bien Anthony. Mais tu vois la critique que je ferais à ton blog, c'est de ne pas parler de ce genre de sujet. Pour le moment ce que je vois, ce sont des articles où il y a confrontation entre Ségolène et Nicolas, et même le plus souvent des actions qui peuvent être discutables de la gauche à l'encontre de Mr Sarkozy.
Pour ma part, je pense que ce genre d'article donnerait un plus à ton blog en y ajoutant un peu d'esprit critique...

Anonyme a dit…

Esprit critique et je dirais même plus, contradiction; il me semble que l'on nous annonçait des points de vue dans les deux sens à la naissance de ce blog, or les posts de l'auteur vont tout de même tous dans le même sens. Mais il faut bien reconnaître que depuis quelques semaines la droite se conduit de manière assez habile et la gauche s'enfonce pitoyablement.